Des personnes handicapées demandent au gouvernement fédéral de ranimer l’espoir

TORONTO — Des gens souffrants de handicaps espèrent que le gouvernement fédéral augmentera la Prestation canadienne pour les personnes handicapées, un programme qui doit entrer en vigueur l’été prochain.

La Prestation vise à accorder une aide supplémentaire à ceux qui reçoivent un appui financier des gouvernements provinciaux et territoriaux. Le gouvernement prévoit accorder un soutien financier maximal de 200 $ par mois.

Heather Thompson fait partie des 600 000 Canadiens en situation de handicap en âge de travailler que le gouvernement fédéral a déclaré qu’il aiderait à sortir de la pauvreté grâce à la Prestation, qui entrera en vigueur en juillet prochain.

«Nous avions de grandes attentes et nous avions beaucoup d’espoir, comme si nous pouvions enfin sortir de la pauvreté», a raconté Heather Thompson.

Après que le budget fédéral du printemps dernier a révélé que le maximum que les gens recevront par mois est de 200 $, les espoirs de personnes comme Heather ont été anéantis. Aujourd’hui, les défenseurs demandent au gouvernement fédéral de reconsidérer le montant dans les mois précédant le déploiement de la prestation.

Heather Thompson, qui utilise le pronom iel, a travaillé chez Tim Horton’s, Staples et dans un centre d’appels, mais Heather a affirmé que ses handicaps physiques et mentaux, notamment l’arthrose, qui «affecte fortement» sa mobilité, ainsi que la dépression clinique et le trouble d’anxiété généralisée, l’ont forcé à partir.

Heather cherche un emploi, mais beaucoup d’entre eux nécessitent la capacité de soulever des objets ou de rester debout pendant de longues périodes, ce qui lui est impossible. Heather vit donc avec 1449 $ par mois provenant du Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées (POSPH) et partage une maison avec trois colocataires à Kingston, en Ontario, ainsi qu’avec son chat de soutien émotionnel, Captain Kirk, âgé de 12 ans.

Heather est allé à l’université en 2017, mais ses problèmes de santé mentale ont éclaté et la personne étudiante a dû quitter après un semestre. Sept ans plus tard, Heather essaie toujours de rembourser ce prêt étudiant.

Lorsque le projet de loi C-22, qui a rendu obligatoire la création d’une prestation canadienne pour les personnes handicapées, a été adopté l’année dernière, Heather Thompson était «tellement excité».

Un communiqué de presse publié par le gouvernement fédéral le 22 juin 2023 a qualifié la législation de «révolutionnaire», affirmant que la prestation d’invalidité «compléterait les mesures de soutien fédérales, provinciales et territoriales existantes pour les personnes handicapées et aiderait à sortir de la pauvreté les personnes handicapées en âge de travailler».

Il a déclaré que la prestation ferait partie du «plan d’action pour l’inclusion des personnes handicapées» du gouvernement qui «s’attaquerait aux inégalités de longue date qui ont conduit à l’insécurité financière et à l’exclusion» dont souffrent les personnes handicapées.

Le fédéral n’a pas tenu sa promesse, selon un organisme

Le gouvernement n’a tout simplement pas tenu sa promesse, a soutenu Amanda MacKenzie, directrice nationale des affaires externes de la Marche des dix sous du Canada, l’une des organisations qui ont soutenu la création de la prestation.

Maintenant qu’une période de consultation publique sur la prestation s’est terminée le mois dernier, elle espère que le gouvernement reconsidérera et augmentera le montant de la prestation dans son prochain budget.

«Ce sont des personnes qui vivent bien en dessous de la barre des 30 000 $ par an, pour la plupart», a expliqué Mme MacKenzie.

«Ce sont les gens dont on entend parler tout le temps et qui disent : « Je ne peux prendre que deux ou un repas par jour. Je ne peux me permettre de prendre mes médicaments qu’un jour sur deux… Je ne peux pas subvenir aux besoins de mes enfants. Je ne peux pas aider ma famille. Je ne peux rien faire parce que, vous savez, je peux à peine payer mon loyer »», a-t-elle déclaré.

La Marche des dix sous et de nombreuses personnes handicapées ont participé aux premières consultations gouvernementales sur la manière dont la prestation fédérale pourrait être efficace pour compléter les programmes provinciaux de soutien aux personnes handicapées afin de fournir un revenu décent.

«Qui écoutaient-ils ?», a demandé Thomas Cheesman, un homme de 43 ans de Grande Prairie, en Alberta, qui reçoit des prestations d’invalidité provinciales en raison d’une maladie rare qui provoque la dégradation de ses os.

«Aucune personne handicapée ne dirait que ce programme est adéquat», a-t-il déclaré.

M. Cheesman est né avec le syndrome de Hajdu-Cheney et savait qu’il ne pourrait pas travailler aussi longtemps que la plupart des gens, mais il a réussi à travailler comme chef jusqu’à l’âge de 39 ans.

À ce moment-là, ses symptômes physiques sont devenus si invalidants qu’il a dû arrêter.

«C’était tout simplement trop dangereux de prendre des médicaments pour gérer la douleur et d’être distrait par cela, ou de ne pas pouvoir fonctionner à cause de la douleur», a-t-il indiqué.

M. Cheesman et sa femme, qui travaille comme superviseure chez Costco, ont trois enfants. Avant que la Prestation canadienne pour les personnes handicapées ne soit promulguée, il a «fait beaucoup de calculs» et a estimé qu’il faudrait un total de près de 1000 $ par mois pour que sa famille «puisse vivre en dehors de la pauvreté».

Un investissement «historique», dit le gouvernement

Dans une réponse par courriel à La Presse Canadienne, le cabinet de Kamal Khera, la ministre de la Diversité, de l’Inclusion et des Personnes en situation de handicap, a déclaré qu’il faisait un investissement de 6,1 milliards $ «pour améliorer la sécurité financière de plus de 600 000 personnes handicapées».

«Il s’agit d’un investissement initial historique… et il vise à compléter, et non à remplacer, les mesures de soutien du revenu provinciales et territoriales existantes», a indiqué l’attaché de presse de Mme Khera, Waleed Saleem.

«Nous aspirons également à voir le montant combiné des soutiens du revenu fédéraux et provinciaux ou territoriaux pour les personnes handicapées atteindre le niveau de la pension de la Sécurité de la vieillesse (SV) et du Supplément de revenu garanti (SRG), afin de s’attaquer fondamentalement aux taux de pauvreté vécus par les personnes handicapées.»

Cela signifierait que les personnes handicapées recevraient un revenu mensuel total égal à celui que les personnes âgées à faible revenu reçoivent du gouvernement fédéral.

Mme MacKenzie a déclaré que le manque de soutien financier adéquat pour les personnes handicapées n’est «pas acceptable», soulignant que l’argent qu’elles dépensent est réinjecté dans l’économie.

«Nous disons aux personnes handicapées que ce qu’elles méritent et ce que nous pouvons leur offrir dans la société, c’est une existence. Ce n’est pas une vie», a-t-elle plaidé.

Pour Heather Thompson, c’est «une pilule vraiment difficile à avaler».

«Beaucoup de gens ne nous voient pas comme des êtres humains. Ils nous voient comme un fardeau pour la société, a dit Heather. Nous valons la peine d’investir.»

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