Sainte-Marie : victime d’une arnaque bien ficelée

FRAUDE. Isabelle, nom fictif donné à la victime qui désire garder l’anonymat, s’est fait arnaquer de 3000 $ dans les dernières semaines. Une fraude tellement bien ficelée que quiconque aurait pu se faire avoir.

La résidente de Sainte-Marie désire raconter son histoire afin de sensibiliser les gens aux arnaques. Elle souhaite également démontrer qu’au-delà de l’argent perdu dans cette mésaventure, c’est surtout ses émotions que les criminels ont ébranlées.

Tout débute lorsque Isabelle reçoit un appel de sa tante (qui est aussi sa marraine), prise de panique. « Ta mère est au poste de police à Sainte-Marie. Elle a frappé un enfant avec sa voiture ».

C’était un lundi matin, en fin d’avant-midi. Un présumé avocat de la grande région de Québec lui aurait téléphoné, prétendant représenter sa soeur (la mère d’Isabelle) dans ce dossier. La tante aurait aussi parlé avec « sa » soeur à l’autre bout du fil. « La femme qui lui parlait en présence de l’avocat, selon elle, était tout énervée », précise Isabelle. Soulignons que les deux femmes sont âgées, l’une de 75 ans et l’autre de 80 ans.  Elle a voulu aider sa tante et bien sûr sa mère. Elle décide donc de prendre les choses en main. « Je lui ai dit de lui donner mon numéro de téléphone pour qu’il m’appelle ». La femme de 50 ans, plus jeune, voulait enlever le poids sur les épaules de cette dernière.

Quelques instants plus tard, Isabelle est appelée par ce faux avocat. « Il parlait avec de vrais termes juridiques, ça avait l’air vrai », regrette celle qui est propriétaire d’une entreprise. Elle se souvient que l’individu avait une voix rassurante et parlait avec un accent tout à fait d’ici. Il lui raconte que sa mère aurait renversé un enfant de 11 ans avec son véhicule. Elle aurait essayé de prendre son cellulaire sur le siège du passager et n’aurait pas porté attention à la route un bref instant.

Tout au long de la longue conversation, près de deux heures, il l’aurait tenu au bout du fil. « Il me donnait plein d’informations et de détails. Il ne me laissait pas réfléchir », ajoute-t-elle.

La Caution

Après avoir fourni une panoplie de fausses informations, l’avocat lui explique qu’elle doit payer une caution pour libérer sa mère. Le montant fixé est de 3000 $ et la transaction doit être faite au palais de justice de Saint-Joseph. Il lui donne le nom d’un homme travaillant dans l’édifice ainsi qu’un numéro de suivi de dossier. Jusque là, aux yeux d’Isabelle, tout semble crédible.

Il lui explique que sa mère devrait passer en Cour vendredi. Isabelle est inquiète pour sa mère mais également pour son père. Il est âgé et son coeur pourrait en pâtir s’il savait son épouse est dans le pétrin. « Je voulais aller la chercher au poste et la ramener à la maison. Là, j’aurais tout expliqué à mon père ».

Coup de théâtre, l’avocat lui dit que l’homme au palais de justice a quitté. Il lui propose d’aller payer à la Cour municipale de Sainte-Marie. « Moi, je ne connais pas ça. Je sais qu’il y une cour à l’hôtel de ville ». Elle accepte l’alternative. Soudain, il lui propose encore mieux. L’employée à la Cour municipale doit se déplacer et passer dans son quartier. Il lui précise qu’elle devra la payer en liquide et signer électroniquement les documents plus tard.

La femme arrive pendant que l’avocat lui parle encore au téléphone. « Il joue dans la tête, c’est fou ». Elle remet l’enveloppe avec le numéro de suivi inscrit sur le devant. La complice quitte et l’homme poursuit la conversation un autre cinq minutes. Finalement, elle raccroche et croit que tout est réglé. Son mari, témoin d’une partie de la conversation, est également rassuré.

La vérité éclate

Elle reçoit un texto, un peu plus tard, de la part de sa mère. Le message l’a jeté par terre. Sa mère lui écrivait qu’elle avait dormi et lui décrivait ce qu’elle allait cuisiner pour le souper. « Là, j’ai regardé mon chum pis je lui ai dit que je me suis fait arnaquer », rage-t-elle encore.

Isabelle communique avec le 911 et explique nerveusement ce qu’elle venait de vivre. La dame lui répond qu’elle connait déjà l’histoire, car elle n’est pas la première à avoir été piégée par ces fraudeurs dans le secteur.

Vers 20 h 30, des policiers se présentent chez elle pour prendre sa déposition. Ils lui demandent si elle a des descriptions de voitures et de plaque d’immatriculation. Elle n’a vu aucune auto. Plus tard, des voisins lui donnent certains renseignements sur deux véhicules louches : une voiture Toyota Echo bleu et un VUS Ford Escape rouge.

L’après-arnaque

« C’était mon argent pour mon voyage dans le Sud », s’exclame la résidente de Sainte-Marie. Elle sait qu’elle ne reverra pas la couleur de son argent. « Avec mon histoire, je voulais faire de la prévention auprès des autres ». Depuis cette mésaventure, Isabelle fait des rêves dans lesquels elle se réveille avant et comprend qu’il s’agit d’une fraude.