Émy Guérin: une super élève

SAINTE-MARIE. Les adolescents sont capables du meilleur comme du pire. Parfois, on les expédierait par conteneur dans un pays aussi éloigné que possible! Mais, il y a d’autres moments où ils méritent toute notre admiration. Finissante à la Polyvalente Benoît-Vachon de Sainte-Marie, Émy Guérin est de ceux-là.

Du haut de ses 17 ans, Émy était à la fois membre du conseil étudiant, du conseil exécutif et du conseil d’établissement. On lui doit aussi la mise sur pied de plusieurs journées thématiques à l’école.

« J’étais impliquée dans tout ce qui touche les élèves. C’était ma motivation pour venir à l’école. J’avais ça à faire et je voulais le faire pour rendre les autres heureux. J’aime ça mettre un peu de vie! », a-t-elle affirmé.

Concours d’écriture

Ce n’est pas tout! À la fin du mois de mars dernier, Émy Guérin a organisé un concours d’écriture. Suivant le thème « Les défis de l’avenir », l’initiative a finalement convaincu 31 participants des secondaires 1 à 5.

 « On sait tous que les jeunes ont plein d’inquiétudes face à l’avenir et ça laisse de la place pour faire n’importe quoi. […] J’en suis restée bouche bée. J’en ai vu de toutes sortes! », est-elle satisfaite.

Mentionnons que l’idée lui est venue alors qu’elle était en secondaire 3. Le projet avait bien avancé, mais elle avait malheureusement perdu ses juges (enseignants de français) en cours de route. « Voir le monde qui en profite, c’est ma paye », a-t-elle lancé avec le sentiment du devoir accompli.

Ainsi, les gagnants, tous en secondaire 5, sont James Belley (1er – 250 $), Raphaël Crozet-Doyon (2e – 100 $) et Emy Bernier (3e – 50 $). « Ils sont vraiment sortis du lot! »

L’automne prochain, la jeune femme débutera un diplôme d’études collégiales en Sciences de la nature au campus de Sainte-Marie du Cégep Beauce-Appalaches. S’il n’y a pas de concours d’écriture d’organisé, Émy Guérin pourrait bien se créer une équipe et répéter l’expérience. À suivre…

Texte gagnant: Un acte de renaissance

Mes chers frères et sœurs, aujourd’hui, nous nous réunissons dans la tristesse et le chagrin pour rendre hommage à Ezekiel, un fils bien-aimé, un ami cher, parti trop tôt de ce monde.>> Alors que le Père Gabriel prononçait ces mots, le pire cauchemar d’une mère déchirée par une décision incompréhensible devenait réalité. Manon, une mère qui avait été plongée dans l’abîme de la douleur lorsque son fils, emporté par les ténèbres intérieures, avait choisi de clore son propre récit sur cette terre.

 

Pourquoi? Manon n’avait plus qu’un mot en tête : pourquoi. Ezekiel portait en lui les promesses d’un avenir radieux, un livre à peine entamé dont les pages vierges attendaient d’être écrites avec l’encre de ses rêves. Le chemin du secondaire vers le cégep était censé être le début d’un voyage vers l’accomplissement de son potentiel, mais pour une raison jusqu’ici inconnue, il a jeté son livre à la poubelle.

 

Dans l’ombre de la nuit, Manon était hantée par son incapacité de comprendre ce qui avait poussé son fiston à commettre l’irréparable. Ce même mot se répétait encore et encore, sans cesse dans sa tête : Pourquoi? Elle se décida enfin à fouiller sa chambre en quête de réponses. 

 

Chaque objet de sa chambre était chargé de souvenirs, mais aussi de questions sans réponses. Ses mains tremblaient alors qu’elle parcourait les pages de son histoire, cherchant un indice, cherchant une explication à l’inexplicable. C’est à ce moment qu’elle vit une enveloppe scellée, intitulée : « J’ai perdu la foi en l’humanité! » Lentement, avec une tendresse infinie, elle ouvrit l’enveloppe et déplia la lettre. Les mots écrits avec tant de douleur et de désespoir dansaient devant ses yeux embués de larmes. 

 

« Je suis désolé. Je l’ai fait. L’acte que l’on qualifie de désespoir, l’acte final. D’ailleurs, ne vous sentez pas coupable en lisant ce qui suit, puisque vous n’en êtes point l’antagoniste. La cause de ma décision est plus complexe. J’ai effectivement perdu foi en l’humanité. La cruauté, l’indifférence et l’injustice qui règnent dans ce monde m’ont fait perdre tout espoir en un avenir meilleur. J’ai essayé de rester fort, de trouver un sens à tout cela, mais plus je cherche, plus je me sens perdu. Plus je cherche, plus je sombre dans le désespoir. Et puis, il y a ce problème de réchauffement climatique qui me fait complètement vriller. Je ne peux plus supporter de voir la destruction de notre planète, notre seul foyer, sans que rien de significatif ne soit fait pour l’arrêter. Les seuls hommes et femmes prêts à militer pour un futur meilleur sont traités d’extrémistes et sont ignorés. La cupidité et l’ignorance des puissants me dégoûtent. À quoi bon continuer à vivre dans un monde où les valeurs morales semblent avoir perdu tout leur sens? J’ai l’impression que la société d’aujourd’hui s’est entendue pour dire que l’avenir ne leur appartient pas et que donc leurs actions ne les impacteront pas. Le monde me semble être pris au piège dans un cycle sans fin de violence et de vengeance, où la haine engendre la haine, et où la paix me semble être un rêve lointain. Je ne peux plus continuer à tolérer cette absurdité. Je ne peux plus accepter que la guerre soit considérée comme une solution acceptable aux conflits entre nations, entre peuples, entre individus. Je suis fatigué, Maman, fatigué de lutter contre un système qui semble condamné à l’échec. Peut-être que dans la mort, je trouverai enfin la paix que je n’ai jamais pu trouver en ce monde. Avant de partir, j’aurais un seul souhait, une mission pour toi. Partage mon histoire au monde entier. Fais en sorte que le monde se réveille et voit les impacts de leurs actions. Pardonne-moi maman, je suis désolé de te faire souffrir, mais c’est la seule solution que j’ai trouvée qui pourrait avoir un réel impact. Je t’aime maman. »

 

Après avoir lu la lettre poignante d’Ezekiel, Manon s’effondra sur le lit de son fils, les larmes inondant ses joues. Une tourmente émotionnelle la submergea, mêlant le chagrin à la culpabilité et à l’impuissance. Mais au milieu de cette tempête intérieure, une lueur de détermination naquit en elle. Elle savait qu’elle devait honorer la mémoire de son fils en partageant son histoire, en espérant que cela puisse éveiller les consciences et inspirer le changement.

 

Cinq ans plus tard…

 

« Mes chers amis, aujourd’hui, je vous demande de vous joindre à moi dans cette quête pour un monde meilleur. Ensemble, nous pouvons transformer la douleur en espoir, le désespoir en action. Que l’amour et la solidarité nous guident sur ce chemin difficile, mais essentiel. Merci de m’avoir écoutée. »

 

Après son discours, Manon ressentit une atmosphère remplie de compassion et de détermination dans l’amphithéâtre. Les spectateurs, une larme à l’œil, se levèrent pour applaudir son courage et sa détermination.

 

Dans les semaines qui suivirent, l’histoire d’Ezekiel se répandit comme une onde de choc à travers les médias et les réseaux sociaux. Des discussions animées surgirent dans les foyers, les écoles, les lieux de travail. Les gens se demandaient comment ils pouvaient contribuer à un changement positif, à un monde où la compassion et la justice prévalent sur la haine et l’indifférence.

 

Des initiatives communautaires émergèrent, des projets de sensibilisation furent lancés, des actions concrètes furent entreprises pour protéger l’environnement et promouvoir l’égalité sociale. Chaque geste, petit ou grand, était un pas de plus vers un avenir meilleur, un hommage vivant à la mémoire d’Ezekiel et à la détermination de sa mère.

 

Mais même si Manon voyait des impacts positifs de son dévouement envers le souhait de son fils, elle était sûre d’une chose. Ce n’était pas la bonne manière de s’y prendre. Elle continua à partager l’histoire d’Ezekiel, mais cette fois-ci, en soulignant l’importance de la prévention du suicide et de la protection de la santé mentale. Et à travers tout cela, elle garda l’espoir que son travail aiderait à prévenir d’autres tragédies et à créer un monde où personne ne se sentirait jamais aussi désespéré et seul qu’Ezekiel l’avait été.