Dire au revoir avec « Nos Belles-Sœurs »

FAMILLE. La vie; nous la menons tous de la manière que nous considérons la plus adéquate. Toutefois, devant l’imminence de son propre décès, pouvons-nous concevoir une « meilleure » façon de rompre le cordon d’argent? En ce qui la concerne, Doris Gagné de Saint-Joseph-de-Beauce avait une dernière volonté remplie d’amour… et de pop-corn!

En effet, alors patiente à la Maison de Catherine de Longpré de Saint-Georges, Doris Gagné était atteinte d’un cancer du poumon et attendait l’aide médicale à mourir. Toutefois, elle avait une dernière volonté: voir le film « Nos Belles-Sœurs » entourée des siens.

« Elle adorait le cinéma québécois et elle voulait voir le film. Mais, le temps avançait et le film ne sortait pas sur les plateformes », s’inquiétait Annik Gagné, nièce de Doris Gagné.

Dans l’urgence, la famille a donc contacté la société de production Cinémaginaire qui, en quelques heures à peine, avait fourni un lien web pour visionner le film.

« Ils ont été extraordinaires. Ils n’ont pas demandé de preuve. Je n’en suis pas revenu! Nous avons été choyés. […] Lorsqu’on est face à la fatalité, on voudrait tout faire pour mettre un baume sur ce qui s’en vient. C’était un moment plein d’émotions », est-elle reconnaissante.

C’est ainsi qu’en la présence d’une douzaine de ses proches, Doris Gagné a pu voir le film, avec chips et pop-corn à volonté. « C’était très important pour elle. Nous, on regardait le film et on la regardait, elle. C’était coloré! Le film lui a rappelé de beaux souvenirs. Elle était folle; elle était contente », a-t-elle affirmé, en racontant que sa tante, particulièrement dans ses derniers temps, était une femme à la fois sereine et très rassembleuse.

« Son histoire m’a beaucoup touchée. Que son dernier vœu soit de voir le film, ça m’a bouleversé. Je me sens privilégiée », a commenté Denise Robert, productrice du film, en soulignant le bel attachement du public québécois pour l’univers de Michel Tremblay. « On se reconnaît là-dedans. C’est joyeux. On célèbre l’amitié, les femmes aussi et la notion de la famille », dit-elle, une fois de plus très émue par la demande de la dame.

Soulignons au passage que des demandes similaires avaient été faites avec les films « Testament » (2023) et « Les invasions barbares » (2003).

Annik Gagné tient à remercier très chaleureusement Cinémaginaire, de même que le personnel de la Maison de Catherine de Longpré. « Je ne suis pas sûr que ça aurait été possible à l’hôpital », a-t-elle complété.

Mentionnons que le moment en famille a eu lieu le lundi 9 septembre dernier. Le lendemain, Doris Gagné recevait l’aide médicale à mourir où, peut-être inspirée par le film de la veille, elle a vécu ses dernières heures en écoutant des chansons joyeuses…