Amputation des budgets d’investissement des cégeps

ÉDUCATION.  Le ministère de l’Enseignement supérieur oblige tous les cégeps et universités à réduire leur budget d’investissement pour l’année 2024-2025, ce qui force les deux plus importants établissements de la région à revoir leur planification.

Au niveau des trois campus du Cégep Beauce-Appalaches, celui-ci passera de 8,3 M$ à 2,3 M$ afin de financer les projets d’infrastructure et achats d’équipements. « Cette réduction de 73 % nous contraint à prioriser rigoureusement nos projets, tout en explorant des solutions alternatives pour répondre aux besoins les plus urgents. […] Nous sommes déçus de constater que cette décision du gouvernement impacte l’ensemble de nos projets en cours. Tout indiquait que des investissements supplémentaires allaient être réalisés », mentionnait la directrice générale du CBA, Caroline Bouchard, en conférence de presse, le 9 septembre.

La mesure du Ministère a été transmise aux cégeps le 31 juillet dernier, soit un mois après le début de l’exercice financier 2024-2025. Le budget initial de 8,3 M$ était déjà entériné par le conseil d’administration du Cégep Beauce-Appalaches. 

« Il est regrettable que cette décision ait été prise sans consultation préalable. Cela apparait comme une ingérence dans notre processus décisionnel. Par le dialogue et la collaboration, nous trouverons des solutions pour préserver notre autonomie de gestion », dit Mme Bouchard. 

Au Cégep de Lévis, on préfère continuer d’évaluer la situation. Pendant que l’effectif étudiant augmente de plus de 8 %, le ministère impose une réduction de 57 % de ses budgets d’investissement. « Nos infrastructures ont plus de 50 ans. Cette année, nous avons dû mettre en priorité le remplacement d’une partie de notre système de ventilation et de déshumidification. La facture est de 1,5 M$. Nos fenêtres ne s’ouvrent pas. S’il y avait un bris, on devrait fermer le cégep pour une durée indéterminée, ce qui viendrait compromettre les études et les services à la population de notre région », indique Catherine Guay du service des communications du cégep.

La pudence semble toutefois de mise. « Il est important de mentionner que le dossier évolue. Des rencontres sont prévues dans les prochains jours afin de discuter des impacts de cette mesure et de trouver des voies de passage pour l’ensemble des cégeps. Notre conseil d’administration avait déjà approuvé nos priorités pour l’année 2024-2025. Nous souhaitons pouvoir utiliser le budget que nous avait accordé le ministère afin de réaliser adéquatement notre mission », résume-t-elle.

Programmes intouchables

Dans ce processus de révision budgétaire, le Cégep Beauce-Appalaches conservera l’enseignement de tous ses programmes d’études, y compris les nouvelles formations en Techniques policières et Soins préhospitaliers d’urgence à Saint-Georges. Les campus de Sainte-Marie et Lac-Mégantic seront moins touchés par les compressions d’infrastructures.

« Saint-Georges est le seul campus qui nous appartient. Lac-Mégantic et Sainte-Marie, on est en location. On investit donc peu dans l’immobilier. Cependant, c’est la même chose pour les équipements (réduction des dépenses) sur les trois campus. […] Je peux vous assurer que notre engagement envers l’excellence éducative reste inébranlable », précisait Caroline Bouchard.  

Rappelons que le 23 mai 2024, la Vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc, confirmait que les deux tiers des cégeps se trouvaient en mauvais ou très mauvais état. Les campus du Cégep Beauce-Appalaches ne figurent pas dans ce palmarès, ce qui n’arrêtera pas la direction locale dans ses revendications. 

« Le maintien de nos infrastructures, l’arrivée de nouveaux programmes et le développement de notre cégep exigent des investissements importants », conclut Caroline Bouchard.