Première soudeuse au Groupe Camnor
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ENTREVUE. La détermination de Stéphanie Roy lui permet de poursuivre un métier dans lequel les femmes ne sont pas légions.
Mercredi soir, c’est la pause chez Acier Trimax; les assembleurs et soudeurs sortent prendre l’air. Le contremaître conduit le visiteur au poste de travail de Stéphanie Roy. On la retrouve devant le robot-soudeur qu’elle supervise. «J’ai une relation difficile avec cette machine. Il y a souvent des «bugs». Quand ça arrive, je dois ajuster la hauteur des pièces. Avec un «H beam» de soixante pieds, il y en faut du vouloir avec ma taille», explique la mariveraine d’adoption.
C’est en septembre 2017 que Stéphanie Roy a fait son entrée sur le plancher d’Acier Trimax. Un ami lui a parlé d’un poste affiché à l’interne. Elle s’est alors mise en tête de l’obtenir. Et il n’y a pas grand-chose qui pouvait l’arrêter.
«Quand j’ai su que j’étais la première femme, j’ai réalisé que j’avais du poids sur les épaules», raconte-t-elle.
À la fin de sa première semaine, Stéphanie croyait qu’elle ne fournissait pas assez. «Je paniquais. Je voulais toujours faire mieux. J’avais peur qu’on me juge sur mon rendement. Ça prit un bon mois à m’adapter», ajoute la femme de 21 ans.
Son orgueil en a pris un coup la première semaine. Elle n’avait pas assez de force pour dévisser la torche du robot-soudeur. Stéphanie Roy devait appeler son chef d’équipe pour qu’il s’en occupe. «Je l’avais sur le cœur, mais à la deuxième semaine j’ai réussi», avoue-t-elle.
La soudeuse croit que sa détermination lui fera progresser au sein du Groupe Camnor. D’ici là, elle travaillera sa patience avec le robot-soudeur. Et peut-être un jour, elle espère avoir une équipe de voitures de démolition et concourir pour Opération Enfant Soleil.
Plus de soudeuses pour combler la demande?
Les données de Statistique Canada montrent que les femmes représentent 4,9% des soudeurs en 2011. C’est 0,7% de plus qu’en 2006.
Ghislain Lacroix enseigne depuis 25 ans le métier de soudeur-monteur au Centre Intégré de Mécanique Industrielle de la Chaudière (CIMIC). Il a vu le nombre de femmes faire du surplace dans ce métier. Il n’a comptabilisé que 25 finissantes sur les quelque 350 étudiants des sept dernières années.
«Avant, il y avait moins de ponts roulants. Le métier était beaucoup plus physique, mais plus maintenant» ajoute M. Lacroix. Attirer les femmes dans ce métier non traditionnel permettrait de combler le manque de main-d’œuvre criant du secteur.
Lors du dernier dîner carrière du CIMIC, 46 entreprises se sont présentées à l’école pour entrer en contact avec les étudiants.
«Au lieu de se tourner vers la France ou le Cameroun, il y a un avantage économique à ce qu’il y ait plus de femmes», décrit M. Lacroix. Il avoue tout de même ne pas savoir comment les convaincre de joindre ce métier, mis à part de leur montrer les opportunités intéressantes et attirer les femmes plus manuelles.