Nouvelle convention de mise en marché du porc entre les éleveurs et les acheteurs

AGRICULTURE. Les Éleveurs de porcs du Québec et les Acheteurs sont parvenus à une entente pour le renouvellement de la Convention de la mise en marché des porcs. L’entente inclut une nouvelle formule de prix qui a pour effet de partager les risques et les bénéfices liés à la mise en marché du porc. Celle-ci assurera un prix du porc plus prévisible, tant pour les éleveurs et les éleveuses du Québec que pour les acheteurs, estiment les deux partis.

Un processus de négociation et de conciliation s’échelonnant sur une période de plus de quinze mois aura permis aux partenaires de la filière de s’entendre, ceux-ci ayant dû faire face à plusieurs difficultés en raison de la pandémie, dont un surplus de porcs à écouler, la pénurie de main-d’œuvre, la suspension d’exportation vers la Chine et un contexte mondial défavorable, notamment. 

Ainsi, le prix de base, fixé au cours de la première année de la convention de mise en marché, correspondra à 85 % de la valeur reconstituée d’une carcasse de porc et transitera vers 88 % au début de la troisième année. La formule prévoit un prix de base bonifié par un complément de prix, selon les profits du secteur Porcs frais est générés par Olymel. Les autres Acheteurs paieront un complément de prix égal à celui payé par Olymel.

L’objectif est d’être comparable aux revenus accordés aux producteurs de porcs des autres provinces, sauf que cela nécessitera un certain temps, avoue David Duval. « Ce sera un dur coup à absorber pour les producteurs. Le partage des profits est une avancée majeure et une première étape pour un partage qui devra être bonifié dans le temps. La première année, il y a un escompte qui est donné aux acheteurs, parce que nous sommes en restructuration. Pour les deux premières années, il y aura une graduation et l’objectif est d’être à peu près égal la troisième année avec ce qui se paye ailleurs au Canada ou aux États-Unis. »

L’effet Vallée-Jonction

Parmi les diverses ententes convenues afin d’assurer un écoulement de la production porcine québécoise pour que les différents mécanismes permettant de diminuer la production porcine produisent leurs effets, notons qu’Olymel a accepté de maintenir en opération l’usine de Vallée-Jonction pendant plusieurs mois et ainsi poursuivre l’abattage de 624 000 porcs du total des 1 105 000 porcs qui seront désassignés au 3 juin 2023.

« Cette bouffée d’air devrait nous permettre de mettre en place nos outils de restructuration, dont la vente des porcelets et le retrait temporaire ou volontaire de la production. On a fait des gains et le précédent que l’on crée, on ne le perdra pas. Nous avons des mois difficiles devant nous et on devra aussi diminuer l’impact de la cotisation de l’Assurance stabilisation (ASRA) sur les revenus des éleveurs », ajoute M. Duval.

Yannick Gervais, PDG d’Olymel, estime que l’entente permettra d’éviter les déséquilibres vécus dans le passé et éviter de faire porter le fardeau sur l’un ou l’autre des joueurs de la filière. Un plan d’investissement robuste afin de rendre le secteur du porc frais plus compétitif est aussi dans les cartons. « La nouvelle entente repose sur une formule de prix qui assure une plus grande prévisibilité, tout en partageant les bénéfices et les risques associés à la mise en marché du porc au Québec. La volatilité du secteur existe toutefois encore et c’est pourquoi on se devait de changer la dynamique de la filière. L’objectif est d’avoir un plan d’affaires et d’investissements plus prévisible, le porc frais étant un aspect. Nous avons des éléments technologiques qui peuvent être ajoutés pour être à la fine pointe et pouvoir se comparer aux autres joueurs sur l’échiquier mondial. »

Afin de minimiser les effets de cette réduction de production pour les productrices et producteurs québécois, Olymel cessera d’acheter des porcs en provenance de l’Ontario. L’entente prévoit des conditions particulières afin d’assurer le développement de la mise en marché de produits de niches tel que les porcs biologiques ou « Certified Humane ». 

Aussi membre du groupe des acheteurs de porc québécois, le président des Viandes du Breton, Vincent Breton, a lui aussi tenu à souligner les bienfaits de l’entente. « Enfin, après de nombreuses années, le porc biologique et le porc certifié bien-être animal duBreton sont reconnus comme un produit différent requérant des particularités et un traitement adapté à sa mise en marché. Souhaitons maintenant que les autres instances agricoles réglementaires emboîtent le pas ».

Les emplois dans le secteur porcin représentent 11 % de tous les emplois en agriculture et la transformation du porc représente 23 % de l’ensemble des emplois du secteur de la transformation alimentaire.