Villeneuve ne plaint pas les équipes qui n’ont pas su s’ajuster aux changements
MONTRÉAL — Jacques Villeneuve n’a jamais eu la langue dans sa poche et ce n’est pas la cinquantaine qui va le changer.
Rencontré en marge du Grand Prix du Canada, où l’on a souligné le 25e anniversaire de son titre de champion du monde en 1997, Villeneuve n’a pas mâché ses mots quand il a été invité à commenter les plaintes de plusieurs pilotes, Lewis Hamilton en tête, au sujet du marsouinage.
«C’est aux équipes de régler le problème, a-t-il réagi devant un gâteau soulignant l’anniversaire. La réglementation est la même pour tout le monde. Ceux qui se sont plantés, tant pis pour eux.
«Il ne faut pas faire une réglementation qui va aider ceux qui se sont plantés. On l’a vu avec Mercedes et leurs pilotes, ils se sont le plus plaints et de ce que l’on voit des possibles changements de réglementation, ça les pénalise plus que d’autres. Ça me fait donc un peu rire.»
Jeudi, la Fédération internationale de l’automobile (FIA) a publié une directive demandant aux équipes des ajustements afin de réduire ou d’éliminer ce problème. Tout cela en réaction aux images de Hamilton s’extirpant difficilement de sa monoplace à l’issue du Grand Prix d’Azerbaïdjan, la semaine dernière, en raison des douleurs au dos provoquées par ce phénomène aérodynamique qui provoque d’énormes vibrations.
«Pour aller plus vite, il faut aller plus proche du sol, a poursuivi Villeneuve. C’est comme dans les années 1980, 1990, pour aller vite, il fallait rouler proche du sol et serrer les dents. C’est un choix.»
Et faisant allusion aux plaintes de Hamilton et de Mercedes qui en arrachent plus que d’autres depuis le début de la saison, il se montre peu conciliant.
«Ils se sont énormément plaints pour essayer de faire changer un règlement, faire augmenter le plafond budgétaire pour pouvoir redessiner leur voiture, pas à cause du marsouinage, mais parce que leur voiture ils l’ont manquée. C’est à eux de s’adapter. Les autres ont réussi.»
Ferrari a fait le bon choix
Souriant et décontracté, Villeneuve a également commenté les récents problèmes de fiabilité de Ferrari, ce qui a mené à deux abandons de Charles Leclerc lors des trois dernières courses. Mais selon lui, on aurait tort de compter Ferrari pour battu.
«La réglementation est un peu dure pour les moteurs, qui vont être figés pendant quatre ans. Par contre, les motoristes peuvent travailler sur la fiabilité et quand on travaille sur la fiabilité, on améliore la puissance. Donc, il vaut mieux faire un moteur très puissant qui casse, mais qu’on va pouvoir améliorer, plutôt qu’un moteur peu puissant qui ne casse pas, mais qui va rester comme ça pendant quatre ans.»
Accompagné dans le paddock de sa conjointe Giulia et du dernier membre de la famille, Gilles en hommage à son père, né plus tôt cette année, Villeneuve apprécie ce qu’il voit actuellement en Formule 1.
«On le voit cette année, il y a pas mal de compétition. Les pilotes peuvent être plus agressifs, attaquer davantage et c’est le fun.»
Autour du gâteau préparé pour l’occasion, Villeneuve avait du mal à réaliser que cela fait déjà 25 ans qu’il a été sacré champion du monde.
«J’ai l’impression que c’était hier, a-t-il lancé au promoteur du Grand Prix, François Dumontier. C’est incroyable. Tout ce qui manque c’est une victoire ici.»
Dumontier lui a lancé, à la blague, «si seulement tu avais pu éviter le mur des champions», en référence au célèbre écueil qui a fait de nombreuses victimes à la sortie du dernier virage du circuit.
«Non, non! Il faut y avoir laissé sa marque, tout le monde en parle», a répliqué Villeneuve en rigolant.
Il s’est par ailleurs rappelé avec émotions la grande célébration publique au vieux Forum qui a suivi son titre mondial.
«Sur le moment, ça m’a un peu coupé le souffle. C’est maintenant que je réalise vraiment ce que cela a représenté d’avoir gagné, d’avoir représenté le Canada, le Québec au niveau international. De voir tout l’engouement. Ça m’avait touché, car je ne m’y attendais pas.»
Même si plusieurs estiment que ses succès ont contribué à la pérennité de l’événement à Montréal, Villeneuve se réjouit plutôt de voir que la F1 est populaire auprès de plusieurs générations d’amateurs.
«Il y a plusieurs générations dans les gradins, donc des gens qui regardaient la F1 quand je roulais. C’est une passion qui se passe de père en fils, de mère en fille, et elle est revenue cette année. C’est peut-être en raison des deux années où nous sommes tous restés coincés à la maison. Il fallait quelque chose d’excitant. Et la F1 est redevenue très excitante ces deux dernières années. Il y a de l’action en piste et c’est le fun.»