Les producteurs porcins ont-ils réellement besoin de la Chine ?
Le marché du porc vit un autre soubresaut économique négatif, alors que la Chine a suspendu le 25 juin toute importation de viande provenant du Canada.
Cette démarche aurait rapport à la découverte de ractopamine par les douanes chinoises, un médicament banni, dans une cargaison de langues de porc surgelées.
Plusieurs analystes estiment que la Chine exerce plutôt des pressions politiques en raison de l’arrestation au Canada de Meng Wanzhou, directrice financière chez Huawei, compagnie axée sur les nouvelles technologies.
Pour René Roy, président des Éleveurs de porcs de la Beauce, c’est principalement au niveau des abats que ce blocus pose un problème.
En 2017, 45 % des importations porcines chinoises, soient 93 748 tonnes, étaient des abats. En comparaison, les États-Unis, deuxième meilleur client pour ce type de produit, ont importé seulement 22 082 tonnes d’abats.
«Ça va être difficile de trouver d’autres clientèles pour vendre les abats. La situation touche surtout les transformateurs, qui devront envoyer ces produits à l’équarrissage s’ils ne trouvent pas des acheteurs. Ça représente alors des pertes financières», confirme M. Roy.
Guerre commerciale
La dernière mission commerciale canadienne en Chine remonte à novembre 2018. Malgré des échos positifs au terme des discussions, le Canada a souffert de la guerre commerciale opposant la Chine et les États-Unis. Depuis 2009, le prix du porc canadien est annexé à celui de nos voisins américains.
«Ça a provoqué un effet domino sur les ventes internationales. Les abattoirs américains fonctionnaient à pleine capacité. Le prix offert aux producteurs d’ici par nos abattoirs avait chuté de moitié, mais ça s’était rétabli pendant l’hiver avec l’Accord de partenariat transpacifique», explique René Roy.
Cet accord de libre-échange inclut le Canada et dix pays de la région Asie-Pacifique : l’Australie, Brunéi, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam.
«Nous avons reçu une délégation du Japon le 26 juin au siège social de l’UPA (Longueuil). Ce pays stable est notre deuxième marché d’exportation en valeur monétaire. L’Asie du Sud-Est est un bon secteur pour le porc québécois», mentionne M. Roy.
Comme la Chine a affirmé que le blocus serait temporaire, les Éleveurs de porcs du Québec préfèrent diversifier leurs exportations en attendant la suite des choses.
«Les Chinois produisent peu de porcs et ont été frappés par la peste porcine africaine. Ils devront finir par importer de la viande de porc. On espère quand même que ça se règle rapidement. On sait que la stabilité commerciale internationale est toujours fragile», indique René Roy.
Principaux importateurs de porc canadien en tonnes (2017)
Pays | Frais/réfrigéré/congelé | Abats | Graisses | Transformé | Total |
États-Unis | 294 162 | 22 082 | 29 258 | 35 436 | 380 938 |
Chine | 208 745 | 93 748 | 1736 | 1854 | 306 083 |
Japon | 208 468 | 6785 | 24 130 | 12 765 | 252 148 |
Mexique | 76 949 | 21 330 | 19 303 | 5617 | 123 199 |
Philippines | 33 749 | 6999 | 1944 | 310 | 43 003 |
Taïwan | 33 332 | 4731 | 1791 | 1604 | 41 459 |
Corée du Sud | 29 402 | 4884 | 5733 | 0 | 40 019 |
Australie | 15 799 | 566 | 1054 | 7 | 17 325 |
Chili | 10 730 | 1006 | 1035 | 788 | 13 558 |
Nouvelle-Zélande | 9625 | 593 | 585 | 264 | 11 067 |
* Source : Canada Porc International