La tension monte entre Trump et Zelensky après une rencontre à New York

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rencontré Donald Trump en personne vendredi, alors que les tensions publiques montent entre les deux hommes au sujet de la défense de l’Ukraine contre l’invasion russe et au milieu de l’élection présidentielle américaine.

«Nous voulons tous les deux voir cette fin, et nous voulons tous les deux voir un accord équitable conclu», a déclaré M. Trump à Fox News, faisant référence aux combats entre la Russie et l’Ukraine, alors qu’il se tenait aux côtés de M. Zelensky après une rencontre de 40 minutes. «Le président veut que cela se termine, et il veut que cela se termine le plus rapidement possible. Il veut qu’une transaction équitable ait lieu.»

Le président ukrainien a déclaré que la guerre n’aurait pas dû commencer et a ajouté qu’il fallait faire pression sur le président russe Vladimir Poutine et rétablir la paix pour les familles des personnes tuées.

«Nous devons tout faire pour faire pression sur lui afin qu’il arrête cette guerre. Il est sur notre territoire. C’est ce qu’il faut comprendre.»

Cette rencontre intervient à un moment critique de la guerre russo-ukrainienne, alors que le jour de l’élection approche aux États-Unis.

Donald Trump et la vice-présidente Kamala Harris, son adversaire démocrate, ont adopté des approches très différentes à l’égard de l’Ukraine. M. Zelensky a tenu à entretenir de bonnes relations avec les États-Unis, le plus grand fournisseur d’armes et d’argent de son pays pour la guerre. Mais l’avenir de ce soutien serait incertain si le candidat républicain remportait les élections.

M. Trump, qui a vanté ses bonnes relations avec le président Poutine et qualifié le dirigeant russe de «plutôt intelligent» pour avoir envahi l’Ukraine, critique depuis des mois le soutien américain à l’Ukraine et ridiculise le chef d’État ukrainien en le qualifiant de «vendeur» pour avoir persuadé Washington de fournir des armes et du financement à son armée alors qu’elle tente de repousser Moscou.

Le sujet délicat de la «faveur»

Vendredi, Donald Trump a évoqué sa première procédure de destitution, que les démocrates du Congrès ont poursuivie après qu’il a demandé à Volodymyr Zelensky une «faveur»: qu’il enquête sur Joe Biden, aujourd’hui président, et sur son fils, Hunter, qui a siégé au conseil d’administration d’une société gazière ukrainienne.

Au moment où l’ancien président a demandé cette «faveur», il retenait 400 millions $ US d’aide militaire à l’Ukraine alors que celle-ci combattait les séparatistes soutenus par la Russie à sa frontière orientale. Il a ensuite été acquitté des accusations de destitution par le Sénat, dirigé par les républicains.

«Il aurait pu amuser la galerie et faire le malin», a lancé M. Trump. «Et il ne l’a pas fait. Il a dit: « Le président Trump n’a absolument rien fait de mal ». Il l’a dit haut et fort.»

M. Zelensky a déclaré aux journalistes en octobre 2019, alors que le Congrès lançait son enquête de destitution, qu’il n’y avait «aucun chantage» de la part de M. Trump. Il a également déclaré aux journalistes: «Je ne veux interférer d’aucune façon dans les élections», essayant de se distancer publiquement et en privé de la politique intérieure américaine.

Mais l’Associated Press a rapporté par la suite que, malgré les dénégations du président ukrainien, les responsables américains étaient conscients qu’il ressentait la pression de l’administration Trump pour enquêter sur Joe Biden avant même son appel téléphonique avec M. Trump au sujet de la «faveur».

Des propos qui font scission

La réunion de vendredi a failli ne pas avoir lieu, malgré le fait que le bureau de M. Zelensky ait déclaré que quelque chose avait été planifié pendant la visite du dirigeant ukrainien à l’Assemblée générale des Nations Unies, au cours de laquelle il a fait son discours final à ses alliés.

Dans une entrevue au «New Yorker» publiée plus tôt cette semaine, Volodymyr Zelensky a laissé entendre que Donald Trump ne comprenait pas et simplifiait à outrance le conflit. Le dirigeant ukrainien a ajouté que le colistier de M. Trump, le sénateur JD Vance, était «trop radical» et avait essentiellement préconisé que l’Ukraine «fasse un sacrifice» en «abandonnant ses territoires».

M. Trump a critiqué M. Zelensky et l’Ukraine à deux reprises cette semaine. S’exprimant mercredi en Caroline du Nord, il a qualifié l’Ukraine de «démolie» et son peuple de «mort».

«N’importe quel accord – le pire accord – aurait été meilleur que celui que nous avons maintenant», a affirmé le candidat républicain. «S’ils avaient conclu un mauvais accord, il aurait été bien meilleur. Ils auraient abandonné un peu et tout le monde serait vivant, tous les bâtiments seraient construits et toutes les tours vieilliraient pendant encore 2000 ans.»

Pendant ce temps, Kamala Harris s’est tenue jeudi aux côtés du président Zelensky et a déclaré que la pression de M. Trump pour que l’Ukraine conclue rapidement un accord pour mettre fin à la guerre n’était «pas des propositions de paix», mais des «propositions de reddition». Donald Trump a assuré jeudi qu’il ne préconisait pas une reddition.

Alors qu’il se préparait à s’asseoir pour la réunion de vendredi, un journaliste lui a demandé si l’Ukraine pouvait gagner la guerre et il a répondu: «Bien sûr. Ils le pourraient.»

Il a ajouté à propos de Volodymyr Zelensky: «Nous avons une très bonne relation. Et j’ai aussi une très bonne relation, comme vous le savez, avec le président Poutine. Et si nous gagnons, je pense que nous allons résoudre le problème très rapidement.»

Le président ukrainien a interrompu les remarques de M. Trump en disant: «J’espère que nous aurons de meilleures relations entre nous.» Avant de passer à une autre question, l’ancien président américain est intervenu pour dire: «Mais, vous savez, il faut être deux pour danser le tango.»

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Adriana Gomez Licon a fait son reportage depuis Fort Lauderdale, en Floride, et Lisa Mascaro depuis Washington.