Sean «Diddy» Combs est incarcéré dans l’attente de son procès pour trafic sexuel

Sean «Diddy» Combs a été incarcéré mardi dans l’attente de son procès, après qu’un magistrat a ordonné sa mise en détention sans caution.

Le magnat de la musique a plaidé non coupable de racket et de trafic sexuel.

Il est accusé d’avoir incité des femmes et des travailleurs du sexe masculins à des performances sexuelles sous l’effet de drogues, parfois pendant des jours — surnommées «Freak Offs» dans l’acte d’accusation. Celui-ci fait également référence à une agression contre son ancienne petite amie, la chanteuse de R&B Cassie, qui a été filmée.

Le document détaille des allégations remontant à 2008 selon lesquelles il aurait agressé, menacé et contraint des femmes pendant des années «pour satisfaire ses désirs sexuels, protéger sa réputation et dissimuler sa conduite».

Les procureurs souhaitaient qu’il soit emprisonné. Ses avocats ont proposé qu’il soit libéré moyennant une caution de 50 millions $ et placé en détention à domicile sous surveillance électronique. Le juge de première instance Robyn Tarnofsky s’est rangé du côté de la poursuite.

Combs a été arrêté lundi soir à Manhattan, environ six mois après que les autorités fédérales menant une enquête sur le trafic sexuel ont perquisitionné ses luxueuses résidences de Los Angeles et Miami.

Mardi, il a plaidé non coupable, debout, après avoir écouté les allégations, tout en montrant peu de réactions, ses mains non menottées croisées sur ses genoux.

«M. Combs est un battant. Il va se battre jusqu’au bout. Il est innocent», a soutenu son avocat, Marc Agnifilo, ajoutant qu’il ferait appel de la décision de ne pas le libérer sous caution.

M. Agnifilo a reconnu que Combs n’est «pas une personne parfaite», affirmant qu’il avait consommé de la drogue et avait eu des «relations toxiques», mais soulignant qu’il suit aujourd’hui une thérapie.

Les procureurs affirment avoir interrogé plus de 50 victimes et témoins et ils s’attendent à ce que leur nombre augmente. Ils utiliseront des documents financiers, de voyage et de facturation, des données électroniques, des communications et des vidéos des «Freak Offs» pour prouver leurs dires.

Au cours de l’année écoulée, Combs a été poursuivi par des personnes qui affirment qu’il les a soumises à des abus physiques ou sexuels. Il a nié bon nombre de ces allégations.

L’acte d’accusation décrit Combs, âgé de 54 ans, comme le dirigeant d’une entreprise criminelle qui s’est livrée ou a tenté de s’engager dans des activités telles que le trafic sexuel, le travail forcé, le transport interétatique à des fins de prostitution, les délits liés à la drogue, les enlèvements, les incendies criminels, la corruption et l’obstruction à la justice.

Il est accusé d’avoir frappé et traîné des femmes à de nombreuses reprises, de leur avoir lancé des objets et donné des coups de pied, et d’avoir fait appel à ses assistants personnels, à son personnel de sécurité et à son personnel de maison pour l’aider à cacher tout cela.

Combs et ses associés ont usé de leur «pouvoir et de leur prestige» pour «intimider, menacer et attirer» des femmes dans son orbite, «souvent sous le prétexte d’une relation amoureuse», selon l’acte d’accusation. Il aurait ensuite utilisé la force, les menaces et la coercition pour amener les femmes à s’engager avec des travailleurs du sexe masculins dans les «Freak Offs» – «des performances sexuelles élaborées et mises en scène» que Combs organisait, dirigeait, pendant lesquelles il se masturbait et souvent enregistrait.

Il organisait parfois le transport aérien des femmes et assurait leur participation en leur procurant et en leur fournissant de la drogue, en contrôlant leur carrière, en tirant parti de son soutien financier et en utilisant l’intimidation et la violence, selon l’acte d’accusation.

Les événements pouvaient durer plusieurs jours, et Combs et ses victimes recevaient souvent des perfusions intraveineuses «pour récupérer de l’effort physique et de la consommation de drogues» des «Freak Offs», selon l’acte d’accusation. Ses employés facilitaient les «Freak Offs» en organisant les voyages, en réservant les chambres d’hôtel où ils se déroulaient et en approvisionnant ces chambres en fournitures, notamment en médicaments, en huile pour bébé, en lubrifiants, en draps et en éclairage, en programmant la livraison des perfusions intraveineuses, puis en nettoyant les chambres par la suite.

Chantage pour obtenir le silence

Lors d’une perquisition aux domiciles de Combs à Miami et à Los Angeles cette année, les forces de l’ordre ont saisi des stupéfiants et plus d’un millier de bouteilles d’huile pour bébé et de lubrifiant, selon l’acte d’accusation. Les agents ont également saisi des armes à feu et des munitions, dont trois AR-15 dont les numéros de série avaient été altérés, selon l’acte d’accusation.

Selon l’acte d’accusation, Combs aurait parfois conservé, à l’insu de ses victimes, des vidéos de ces dernières en train de se livrer à des actes sexuels et aurait utilisé ces enregistrements comme «garantie» pour s’assurer de l’obéissance et du silence continus des femmes. Il aurait également exercé un contrôle sur ses victimes en leur promettant des opportunités de carrière, en leur fournissant et en menaçant de leur refuser un soutien financier, en leur dictant leur apparence, en surveillant leurs dossiers médicaux et en contrôlant leur lieu de résidence.

Alors que la menace d’accusations criminelles se profilait, Combs et ses associés ont fait pression sur les témoins et les victimes pour qu’ils gardent le silence, notamment en essayant de les corrompre et en leur fournissant un faux récit des événements, indique l’acte d’accusation.

Tout cela, selon les procureurs, se déroulait derrière la façade de l’empire mondial de Combs en matière de musique, de style de vie et de vêtements.

Combs était reconnu comme l’une des figures les plus influentes du hip-hop avant qu’une vague d’allégations qui a émergé au cours de l’année écoulée ne le transforme en paria de l’industrie.

En novembre, «Cassie», dont le nom légal est Casandra Ventura, a déposé une plainte affirmant qu’il l’avait battue et violée pendant des années. Elle a accusé Combs de l’avoir contrainte, elle et d’autres, à avoir des relations sexuelles non désirées dans un contexte de consommation de drogue.

Le procès a été réglé en une journée, mais des mois plus tard, CNN a diffusé des images de sécurité de l’hôtel montrant Combs en train de frapper Mme Ventura et de la jeter par terre. Après la diffusion de la vidéo, Combs s’est excusé, déclarant: «J’étais dégoûté quand je l’ai fait».

L’acte d’accusation fait référence à l’agression, sans nommer Mme Ventura, et indique que Combs a essayé de soudoyer un membre du personnel de sécurité de l’hôtel pour qu’il garde le silence.

Combs et ses avocats ont nié des allégations similaires faites par d’autres dans une série de poursuites judiciaires.

Une femme a déclaré que Combs l’avait violée il y a 20 ans, alors qu’elle avait 17 ans. Un producteur de musique a intenté une action en justice, affirmant que Combs l’avait forcé à avoir des relations sexuelles avec des prostituées. Une autre femme, April Lampros, a déclaré que Combs l’avait soumise à des «relations sexuelles terrifiantes» à partir du moment où elle était étudiante à l’université en 1994.

L’AP ne nomme généralement pas les personnes qui disent avoir été agressées sexuellement, à moins qu’elles ne le disent publiquement, comme l’ont fait Mmes Ventura et Lampros.

Combs, le fondateur de Bad Boy Records, s’est déjà tiré d’affaire. En 2001, il a été acquitté des accusations liées à une fusillade survenue dans une boîte de nuit de Manhattan deux ans plus tôt, qui avait blessé trois personnes. Son protégé de l’époque, Shyne, a été reconnu coupable d’agression et d’autres accusations, et a purgé environ huit ans de prison.