Une frappe israélienne cible un convoi d’aide humanitaire en route pour Gaza

Une frappe militaire israélienne a touché le premier véhicule d’un convoi transportant des fournitures médicales et du carburant vers un hôpital émirati de la bande de Gaza, tuant quatre Palestiniens associés à une compagnie de transport locale, ont déclaré vendredi des responsables.

L’armée israélienne a insisté sur le fait que les quatre hommes portaient des armes tandis que le groupe américain Near East Refugee Aid a déclaré que la frappe de missile de jeudi est survenue sans aucun avertissement ni communication préalables avec les soldats.

L’attaque souligne la situation chaotique qui prévaut dans la bande de Gaza et les dangers posés aux groupes d’aide humanitaire depuis le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre contre le sud d’Israël.

Plus de 80 % des 2,3 millions d’habitants du territoire palestinien ont été déplacés, la plupart vivant désormais dans des camps de tentes sordides. Des experts internationaux affirment que des centaines de milliers de personnes sont au bord de la famine.

La frappe a eu lieu alors que le groupe humanitaire apportait des fournitures à l’hôpital du Croissant-Rouge des Émirats dans la ville de Rafah, a déclaré Sandra Rasheed, directrice d’Anera pour les territoires palestiniens. Elle a touché le premier véhicule du convoi sur la route Salah al-Din, a-t-elle mentionné.

«Le convoi, qui était coordonné par Anera et approuvé par les autorités israéliennes, comprenait un employé d’Anera qui n’a heureusement pas été blessé», a précisé Mme Rasheed dans un communiqué. «Malgré cet incident dévastateur, nous comprenons que les véhicules restants du convoi ont pu continuer et livrer avec succès l’aide à l’hôpital. Nous cherchons d’urgence plus de détails sur ce qui s’est passé.»

Une déclaration ultérieure d’Anera a indiqué que quatre Palestiniens avaient été tués. Le groupe a précisé que son «plan de transport coordonné et approuvé prévoyait la présence de gardes de sécurité non armés dans le convoi» avec son partenaire local, une société appelée Move One.

«Peu de temps après le départ de Kerem Shalom, les premiers rapports indiquent que quatre membres de la communauté ayant de l’expérience dans des missions précédentes et un engagement dans la sécurité communautaire avec Move One se sont manifestés et ont demandé à prendre le commandement du véhicule de tête, invoquant des inquiétudes quant au fait que l’itinéraire était dangereux et 9que le convoi) risquait d’être pillé», a écrit Anera.

«Les quatre membres de la communauté n’ont pas été contrôlés ni coordonnés à l’avance, et les autorités israéliennes affirment que la voiture de tête transportait de nombreuses armes. La frappe aérienne israélienne a été menée sans aucun avertissement ni communication préalables.»

Anera n’a pas donné plus de détails. D’autres convois d’aide ont été assaillis par des gangs armés et des personnes désespérées de trouver de la nourriture à Gaza.

L’armée israélienne, répondant aux questions de l’Associated Press, a affirmé qu’elle avait «surveillé la situation» et vu «des individus armés rejoindre l’une des voitures d’un convoi d’Anera et commencer à diriger le convoi». «Nous soulignons que la présence d’individus armés n’était pas coordonnée et qu’ils ne faisaient pas partie du convoi précoordonné, comme l’a indiqué Anera dans sa déclaration concernant l’incident», a soutenu l’armée israélienne. «Après avoir exclu tout dommage potentiel aux camions et une identification claire des armes, une frappe a été menée contre les individus armés.» L’armée israélienne n’a pas expliqué pourquoi elle n’avait pas contacté Anera avant de lancer la frappe.

Les Émirats arabes unis, qui ont conclu un accord de reconnaissance diplomatique avec Israël en 2020 et fournissent de l’aide à Gaza depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, n’ont pas commenté l’attaque.

Les forces israéliennes ont ouvert le feu sur d’autres convois d’aide dans la bande de Gaza. Le Programme alimentaire mondial a annoncé mercredi qu’il suspendait tous les mouvements de personnel à Gaza jusqu’à nouvel ordre en raison des troupes israéliennes qui ont ouvert le feu sur l’un de ses véhicules marqués, le touchant avec au moins 10 balles. Les tirs ont eu lieu malgré plusieurs autorisations des autorités israéliennes.

Le 23 juillet, l’UNICEF a déclaré que deux de ses véhicules avaient été touchés par des balles réelles alors qu’ils attendaient à un point de détention désigné. Une attaque israélienne en avril a touché trois véhicules de World Central Kitchen, tuant sept personnes.

L’attaque du Hamas du 7 octobre a tué quelque 1 200 personnes en Israël et a vu 250 autres prises en otage. L’offensive dévastatrice d’Israël à Gaza depuis lors a tué plus de 40 000 Palestiniens et fait craindre un conflit de plus grande ampleur dans la région.