Beaucoup de responsabilités, peu de reconnaissance

La fonction d’élu municipal devient de plus en plus difficile et bon nombre de localités de la région ont dû composer avec des élections partielles depuis deux ans, soit depuis la dernière élection municipale générale.

Au 17 décembre prochain, pas moins de 86 élections partielles, dont 9 pour le poste de maire, auront été tenues en Chaudière-Appalaches depuis la dernière élection municipale générale au Québec.

Si les MRC de Beauce-Centre, avec quatre élections partielles (Beauceville (2), Saint-Joseph-de-Beauce, Saint-Joseph-des-Érables), et Nouvelle-Beauce avec trois (Frampton, Saint-Bernard, Vallée-Jonction), ont été peut touchées jusqu’à maintenant, d’autres territoires ont dû composer avec cette réalité. En effet, 20 élections se sont tenues dans Bellechasse, 13 dans Les Etchemins, 12 dans Beauce-Sartigan, 9 dans Les Appalaches et 19 dans Montmagny et L’Islet.

Des élections partielles… partout

Le président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), Jacques Demers, aussi maire de Sainte-Catherine-de-Hatley en Estrie, indique que près de 10 % des élus québécois ont déjà démissionné, alors que nous sommes à peine à la mi-mandat, un chiffre qui augmente chaque semaine. « -Le chiffre n’a jamais été à zéro, mais on voit que ça s’accentue. C’est un mélange de plein de choses », -convient-il.

Il observe que la lourdeur de la tâche est l’un des principaux facteurs. « Dans bien des petites localités, les salaires ne sont pas élevés et les gens font presque du bénévolat, si on le ramène sur le nombre d’heures requises. Quand on donne du temps pour notre Club Optimiste ou la fête de la St-Jean, les gens nous remercient, mais lorsque nous sommes élus dans notre petit village, les gens contestent nos décisions et ne sont pas satisfaits. On gère leur argent, alors nous avons des décisions à prendre qui sont difficiles et ça ne nous rend pas toujours populaires. »

Il convient que le fait d’être élu amène son lot d’inconvénients, mais est tout de même accompagné d’une certaine reconnaissance. « On est choyé d’avoir été choisi pour représenter ces gens-là et prendre des décisions en leur nom qui les impactent directement. Plusieurs ont du plaisir à le faire, mais c’est plus difficile pour d’autres. »

M. Demers indique que la charge de travail exigée par les gouvernements envers les municipalités a été abordée, lors du récent congrès des MRC. Il indique que Québec a pris un engagement d’alléger la chose. Il ne peut qu’espérer, selon ses dires. « Si on recule de quelques années, le rapport -Perreault prônait cela et d’alléger la reddition de comptes. Nous allions assez loin là-dedans et demandions d’enlever des tâches, lorsque certaines étaient ajoutées. Malgré cela, le gouvernement a pris des choses qui faisaient son affaire, pour nous laisser avec beaucoup de tâches qui font que c’est encore plus lourd qu’avant. »

Fusions forcées ?

Bien au fait des sanctions imposées à quelques élus municipaux de la région au cours des derniers mois, M. Demers indique son organisation est revenue à la charge avec des propositions. « La ministre nous dit qu’elle va faire quelque chose et elle doit le faire, car c’est complètement illogique. On empêche des élus d’avoir accès à des revenus potentiels, car ils sont impliqués en politique municipale, puis on subventionne de l’autre côté des commerces de proximité pour les garder. On dépense l’argent des citoyens, car on veut faire semblant d’être plus blanc que blanc. On devrait chercher à avoir ces gens-là, qui sont souvent des gestionnaires, et non s’empêcher de le faire. »

Questionné à savoir si le gouvernement du Québec n’agissait pas ainsi dans le but de forcer des regroupements de municipalités ou de services, Jacques Demers est loin d’écarter cette possibilité. « Un programme existe à l’heure actuelle qui finance toutes les études autour de regroupements municipaux et il est pas mal utilisé. Dans certains cas, on parle de regroupements et dans d’autres, la possibilité de mettre différents services en régie. On sent qu’il y a une pression dans ce sens. Toutefois, quand on regarde le résultat des fusions d’il y a 20 ans, on se rend compte qu’il n’y a pas eu d’économies. »

Il avoue toutefois que certains aspects positifs en sont ressortis. « En matière d’aménagement du territoire, il y a eu des choses magnifiques, particulièrement où des villes ont fusionné des banlieues et la fin de différents parcs industriels pour plutôt des endroits plus dortoirs ou commerciaux. Ça, c’était important. Toutefois, des petites municipalités ont des taux de taxation inférieurs à bien des villes et parviennent à offrir des services. »

Selon M. Demers, il est fort probable que certaines régions vont réfléchir à des regroupements et ceux-ci pourraient impliquer plusieurs localités. « Des endroits vont y réfléchir à coup sûr. Certaines MRC ont peu de municipalités sous leur giron. Il y aura encore des regroupements, mais il ne faudra pas les obliger. On trouvera des endroits où ce sera fonctionnel, alors qu’à d’autres, ce serait difficile. Il faudra éviter le mur à mur et centraliser. »