Le tout premier jarret… Noir
SAINTE-MARIE. De passage à la Nuit de l’intégration et du talent, organisée par le Centre d’aide aux personnes immigrantes et leurs familles (CAPIF) et tenue le samedi 11 novembre dernier au Centre récréatif de Sainte-Marie, Beauce Média a eu le plaisir de s’entretenir avec Édouard Yotoloum. Arrivé au Québec depuis près de 35 ans maintenant, M. Yotoloum est officiellement le tout premier Beauceron d’origine africaine.
Par le passé, Édouard Yotoloum était militant politique en République centrafricaine. Lors d’un coup d’État qui a échoué, le dictateur de l’époque avait tenté de le faire emprisonner, lui et tous les membres de son groupe. Nous sommes alors en 1984. D’abord en fuite au Cameroun, il a ensuite traversé l’océan pour arriver à Québec le 28 décembre 1988.
« Le plus difficile quand on arrive, c’est le froid! », dit-il en souriant. Participant à l’unique programme fédéral qui existait à ce moment, le réfugié avait comme premier objectif de trouver du travail. Plus précisément, il souhaitait obtenir un emploi en agriculture. C’est cette ambition qui a déterminé son premier lieu de résidence : Saint-Patrice-de-Beaurivage. En effet, c’est l’élevage de porc J. et R. Perreault de Saint-Patrice-de-Beaurivage qui lui donne sa chance en premier. Au même moment, M. Yotoloum apprenait son métier au Centre de formation agricole de Saint-Anselme.
Puis, le nouvel arrivant est venu vivre à Sainte-Marie. Ceci n’a duré qu’un court instant, mais ça a été suffisamment long pour qu’il devienne officiellement citoyen canadien. C’était le 15 octobre 1989. « Tout le monde voulait m’aider parce que j’étais le seul Noir. Les gens étaient gentils, accueillants et serviables », se souvient-il.
Quelques mois plus tard, Édouard Yotoloum trouve un logement et un nouvel emploi à la Ferme Cloutier de Saints-Anges. Or, afin de lui faciliter la vie, et parce qu’il faisait du bon travail, son employeur était allé jusqu’à lui offrir une voiture. « Je n’étais même pas obligé de rester longtemps pour la garder », avait-il été surpris. Il y restera néanmoins pendant 13 ans.
Depuis les 20 dernières années, l’homme de 74 ans ne vit plus dans la région. « J’ai déménagé à Québec parce que ma femme y avait trouvé du travail, mais mon cœur est encore en Beauce. […] J’aurais aimé contribuer davantage au développement socio-économique de ma province. La Beauce, dans son autonomie, dans ses investissements, dans ses infrastructures, est une région vraiment modèle! », a-t-il déclaré, en prononçant le souhait de demeurer un bon ambassadeur pour tous les futurs nouveaux arrivants.