Tring-Jonction et Sainte-Marie en mode solution 

ENVIRONNEMENT. La Fondation Rivières a récemment rendu public son classement des municipalités relativement aux eaux usées rejetés sans traitement dans les lacs et rivières du Québec. Dans la région, Tring-Jonction y fait piètre figure, tandis que la Ville de Sainte-Marie a aussi un indice plutôt élevé, mais figure aussi parmi les améliorations les plus notables.

À l’échelle du Québec, on dénombre 57 263 déversements en 2022, au-delà des 36 391 déversements notés en 2021, année au cours de laquelle il y a eu exceptionnellement peu de précipitations. Parmi toutes les villes et municipalités, les meilleures améliorations vont à Plessisville, Beauharnois et Sainte-Marie. À l’opposé, Thetford Mines, La Tuque et Lacolle présentent les dégradations les plus importantes.

Conseiller aux politiques publiques et qualité de l’eau à la Fondation Rivières, Philippe Maisonneuve confirme qu’en Chaudière-Appalaches, beaucoup de municipalités se sont améliorées légèrement ou de manière substantielle. « La région reflète bien la situation dans l’ensemble du Québec. Il y a des municipalités où il y a encore beaucoup de travail à faire, à d’autres endroits il y a peu ou pas de débordement. »

À Tring-Jonction et Thetford-Mines toutefois, on remarque toutefois qu’il y a eu une dégradation de la situation, en se basant sur leur indice de débordement. « Entre 2017 et 2022, il y a eu une tendance en ce sens dans les deux localités. Dans le cas de Sainte-Marie, si on regarde d’où elle partait, nous avions des valeurs à près de 55 et 42 en 2017 et 2018, et on a pratiquement réduit de moitié depuis ce temps. La Ville a sûrement pris des dispositions en ce sens depuis. »

Les déversements surviennent dans différents contextes, explique M. Maisonneuve. « On aimerait les éviter, mais ça rime souvent avec une surcharge du réseau d’égouts. Les débordements plus fréquents surviennent surtout en temps de pluie, alors comme les eaux pluviales et les eaux sanitaires sont combinées, le réseau devient surchargé et il doit y avoir une évacuation pour relâcher la pression. »

Il ajoute que la situation n’est pas nouvelle et même normale, les réseaux d’aqueduc et d’égouts ayant été pensés comme ça il y a quelques décennies. « Nous n’avions pas les mêmes préoccupations environnementales à l’époque. Ce n’est pas parce que les municipalités veulent le faire, mais elles n’ont pas toujours le choix. »

Il ajoute que plusieurs actions peuvent être mises en place et certaines localités le font déjà, à tout le moins pour mesurer l’ampleur de la situation. « Les municipalités doivent installer un enregistreur électronique qui vient enregistrer la durée des débordements. Lorsqu’il n’y a pas d’enregistreur de débordement, ce sont des inspections visuelles qui sont faites par les équipes de travaux publics. Cela affecte toutefois la qualité de la mesure. »

Une priorité à Tring-Jonction

Conscient du problème, le maire de Tring-Jonction, Mario Groleau, explique que des choses vont changer cette année dans le palmarès, à la suite d’initiatives prises par la municipalité. « Des stations de pompage n’avaient pas de génératrice et lors de pannes d’électricité, lorsque le tuyau atteint un certain niveau, il envoie directement à la rivière. Nous avons investi 125 000 $ cette année pour l’achat de deux génératrices, une aux étangs et l’autre près de la rue de la Rivière. »

Autre particularité à Tring-Jonction, quelques rues du réseau sont équipées de tuyaux unitaires, explique M. Groleau. « Autrefois, le pluvial et le réseau étaient dirigés vers le même tuyau. Lorsqu’il pleut beaucoup, la station de pompage ne fournit pas et le trop plein déverse automatiquement. »

Il ajoute qu’un projet important est sur la table pour renouveler le réseau longeant la route 112. « Ça fait quatre ans qu’on travaille avec le ministère pour régulariser cela et on nous a annoncé que ça retarderait encore d’un an. Le tuyau du pluvial aujourd’hui a 36 pouces et quand on va le refaire, il aura 7 pieds de diamètre à partir de la rivière des Fermes, jusqu’à l’église. Quand les réseaux seront séparés dans ce secteur, nous allons encore nous améliorer. »

À la Ville de Sainte-Marie, on travaille depuis plusieurs années à la réfection des conduites, explique Maude-Emmanuelle Drouin, directrice du service de l’ingénérie. « En 2022, nous avons fait passablement de gainage au niveau du réseau d’égoûts dans le secteur du Vieux Sainte-Marie, aux endroits où nous avons plus de difficultés au niveau du captage. »

Elle ajoute que les périodes de débordements surviennent surtout lorsque le niveau de la rivière Chaudière est élevé. « Nous sommes en zone inondable en grande partie et les conduites se retrouvent submergées par la nappe phréatique. Globalement, sur plusieurs années, on voit une amélioration nette, car nous avons fait beaucoup de travaux d’entretien du réseau, ce qui vient jouer dans les données. Les pompes ont été reconditionnées, il y a eu peu de bris et pas d’inondations non plus, alors tout ça améliore les choses. »

L’intensité de déversement représente une valeur qui permet d’évaluer les rejets d’importance dans l’environnement. Les indices sont basés sur la taille des ouvrages et nous donnent une idée sur les quantités d’eaux déversées. Ensuite, on vient ajouter le nombre d’habitants de la localité pour les comparer entre-elles.

La Fondation Rivières précise que les déversements d’eaux usées présentent une menace pour les espèces aquatiques et, plus largement, pour la biodiversité. Les déversements peuvent nuire aux espèces aquatiques en les exposant à des microbes et en les privant d’oxygène. Ils affectent les prises d’eau potable et font grimper la facture du traitement si les prises d’eau potable se trouvent à proximité des rejets. Dû aux risques d’exposition à la bactérie E. coli présente dans les eaux usées, les déversements limitent également la baignade et les activités nautiques. Le palmarès s’appuie sur les données du ministère de l’Environnement (MELCCFP) disponibles depuis 2017.

 

Classement des municipalités répertoriées

(Selon l’indice d’intensité des déversements par habitant)

Rang      Municipalité             Intensité/Hab 2022        Déversements   Nombre d’ouvrages                       

5             Tring-Jonction                   65.35                                   142                        6

6             Thetford Mines                 59.96                                   1856                     29

31          Sainte-Marie                      23.75                                   119                        8

44          Saint-Bernard                    17.58                                   74                           6

123        Sainte-Hénédine                5.81                                     13                         1

188        Sainte-Marguerite               2.63                                     9                           1

296        Saint-Lambert                    0.47                                     26                           8

329        Saint-Frédéric                    0.23                                     1                             3

383        St-Joseph-de-Beauce        0.03                                     3                             12

414        Scott                                   0.00                                     1                             9