Le centre d’interprétation à Sainte-Hénédine évincé
La vente du presbytère de Sainte-Marie force la paroisse Sainte-Mère-de-Jésus à trouver d’autres solutions pour loger ses célébrants. L’option retenue est finalement celle du presbytère de Sainte-Hénédine, seul bâtiment encore propriété de la fabrique sur son territoire.
Le président de la Fabrique Sainte-Mère-de-Jésus, Aubert Paradis, confirme la vente du presbytère de Sainte-Marie et les intentions d’y loger au moins un prêtre en permanence. « Nous avons un acheteur, une promesse d’achat et nous n’attendons plus que l’aval du Diocèse, ce qui doit se faire en novembre. Le curé ira demeurer au presbytère de Sainte-Hénédine, une fois les démarches complétées. »
La démarche cause toutefois un irritant puisque la corporation et le Centre d’art Louis-Napoléon-Fiset y tiennent un centre d’interprétation dédié à sauvegarde du patrimoine local, particulièrement celui relié au domaine religieux. Pour le président de la corporation, Normand Fecteau, cette avenue est prématurée, surtout que le centre d’interprétation logeait au rez-de-chaussée du presbytère, espace convoité par la Fabrique. « C’est la seule pièce que l’on avait pour l’exposition. On peut toujours se tasser, sauf que c’est un ultimatum. On nous a convoqués à une rencontre le 4 octobre et on nous a dit qu’on devait sortir. C’est la façon cavalière avec laquelle ça se fait qui est déplorante. »
La corporation logeait dans le presbytère à la suite d’une entente avec la fabrique de Sainte-Hénédine avait été écrite en 1999 qui permet à la corporation d’occuper les lieux, sans causer de dépenses supplémentaires à la paroisse. « Ça fait 24 ans qu’on existe et le but était d’aider à sauvegarder le patrimoine, y compris l’église, le presbytère et le hangar à dîme, sauf qu’il y a eu le regroupement des paroisses depuis. Nous avons fait refaire la toiture l’an dernier, au coût de 64 000 $, mais ça ne compte pas. »
Peu de temps
Selon M. Fecteau, avec un peu de temps, l’organisation locale aurait pu aménager un local qui aurait été convenable pour recevoir une autre personne. Il aurait aimé être davantage considéré comme un partenaire et un collaborateur de la fabrique. « Nous avons mis au-delà de 160 000 $ depuis 1999, c’est dans nos états financiers. On a fait d’autres petites choses aussi. Nous occupions les lieux et assurions une certaine maintenance. La Corporation a proposé de verser une rente annuelle de 5 000 $, pour conserver le statu quo, ou encore d’aménager un nouveau logement au second étage, ainsi qu’un espace pour un prêtre visiteur occasionnel. Nos deux suggestions n’ont pas été considérées. »
M. Fecteau se demande aussi pourquoi la Fabrique n’a pas cherché à louer un logement ailleurs que dans ses bâtiments. « Le curé pourrait être n’importe où. Sainte-Marie, Saint-Bernard, Scott, ou ailleurs, ce à quoi M. Paradis réplique que son comité se doit de gérer la paroisse comme une entreprise. » Tout le monde sait que les fabriques ont des difficultés, que les entrées d’argents ne sont plus ce qu’elles étaient. Ce qu’il faut sauver, c’est l’église. On se doit de loger le curé et nous avons un endroit qui nous coûte rien et il est d’accord. Logiquement et financièrement, c’est la meilleure solution. «
Il ne s’en cache pas et résume l’ensemble de la chose à une décision d’affaires. » C’est dommage, mais nous avons besoin des espaces. Le musée occupe le presbytère depuis près de 25 ans et n’a jamais eu de loyer à payer, même si la corporation a investi pour l’entretien du bâtiment. Ce que l’on propose, c’est un certain temps pour libérer l’endroit, on leur donne une partie de l’église pour relocaliser les pièces et les artéfacts, en plus d’assumer le déménagement, tout ça sans exiger de loyer à la corporation. Je comprends très bien que des gens de Sainte-Hénédine et de la corporation ne soient pas contents. C’est dommage pour le musée. Il y a beaucoup de belles choses. C’est pourquoi on lui propose une place dans l’église. «
Il estime que l’ensemble de la démarche sera positif. » Le presbytère de Sainte-Marie nous coûte une fortune en chauffage pour loger un prêtre. D’un côté, nous avons un acheteur intéressé au presbytère avec de beaux projets, qui viendront revitaliser le centre-ville de Sainte-Marie. De l’autre, nous avons le choix de loger notre prêtre à un montant mensuel important, ou de le loger gratuitement à Sainte-Hénédine. La décision est facile à prendre ».
D’autres ventes de biens
L’érablière, propriété de la fabrique, a également été vendue et les possibilités sont grandes que la paroisse puisse éventuellement céder la chapelle Ste-Anne, de même que la salle Mgr Labrie. « On se débarrasse de tout ça. La ville et le parc Taschereau sont intéressés par la chapelle. Nous n’avons plus besoin de ces choses-là. Notre priorité est de sauver l’église et de la conserver le plus longtemps possible. L’érablière que nous possédions, c’était inutile. C’était un don que nous avions reçu. »
M. Paradis estime aussi que la transaction sera bénéfique pour la Fabrique locale, à Sainte-Hénédine, puisque des revenus supplémentaires pourront y être puisés. « Il y a un loyer déjà dans le presbytère qui rapporte des revenus chaque mois et pour loger le curé, les 10 paroisses doivent débourser, alors cet argent-là ira à Sainte-Hénédine dorénavant, alors ce sera un revenu additionnel pour eux. Le musée, lui, ne rapporte rien. »
M. Fecteau, pour sa part, juge que certaines alternatives viendraient fausser la mission de la corporation. « On a suggéré d’enlever des bancs pour nous faire de l’espace, sauf que l’église, on souhaite la conserver intacte, c’est un peu notre mandat, surtout qu’elle est classée et a conservé son intégralité au fil des ans. Elle est spéciale par son architecture, mais aussi par sa conservation. Elle a été construite en 1910 et rien n’a été enlevé. Il n’y a eu que des ajouts. »
Tout cela étant dit, la corporation a un peu de temps pour libérer les lieux, assure M. Paradis. « Il fallait mettre une date, mais on pourra étirer un peu. Il y a une pièce qui doit faire de travaux rapidement, mais ce n’est pas pour l’ensemble des travaux. La pièce du bas doit être transformée en cuisine, mais à l’étage, il y a peu de choses. Ce n’est pas énorme. Le curé ne doit pas sortir le 1er janvier prochain nécessairement », précise-t-il.