Marily Royer parmi l’élite des rodéos au Québec
ÉQUITATION. Marily Royer de Sainte-Hénédine se fait de plus en plus remarquer sur le circuit des rodéos au Québec. Lors du plus récent rodéo de Saint-Tite, elle a réalisé le meilleur temps de sa catégorie, tout en terminant en 4e position au cumulatif.
Si ses résultats retiennent l’attention, c’est surtout son évolution avec son cheval Mister (Caraway Mister Lane) qui fait écarquiller les yeux de bien des observateurs. Contrairement à plusieurs, son cheval, Mister, n’était rien de moins qu’un pari puisqu’elle ne connaissait rien du cheval, lors de son acquisition. Elle avoue avoir eu certains doutes à son arrivée, tout comme son entourage. L’apprivoiser a été une aventure.
« Une dame du Québec me l’a référé. Elle faisait le transport et je lui ai demandé quel cheval pourrait être bon pour moi. Il avait 5 ans et demi et du potentiel selon elle. Lorsqu’il est arrivé, il courait vite, mais n’avait aucune agilité, aucune technique. J’avais espoir en ce cheval-là. J’avais un peu d’expérience, mais je n’étais pas une cavalière aguerrie », raconte-t-elle.
« Quand tu montes un cheval dans le but de faire des courses de baril, c’est un travail d’équipe. Si tu travailles contre lui, ça ne marche pas. Tu dois apprendre à le connaître, le comprendre, ce qu’il aime et comment il aime se faire diriger. Il faut aussi qu’il aime ce qu’il fait. Il va courir sinon, mais pas à son plein potentiel. »
Elle ajoute que sa discipline est un jeu de vitesse et de précision. « Il faut faire le moins d’erreurs possibles et que ce soit le plus fluide possible autour des barils. Si le cheval est distrait, incapable de se concentrer ou qu’il ne tolère pas la pression, ça ne peut pas aller vers le cercle des gagnants. »
Toute cette démarche a pris beaucoup de temps avoue Marily Royer qui juge qu’aujourd’hui, le jeu en valait la chandelle. « Ça a pris un bon 5 ans. J’ai pensé plusieurs fois à le vendre et en acheter un autre davantage prêt pour ce genre de compétition. C’est beaucoup plus dispendieux, mais si je pouvais au moins avoir du plaisir, l’investissement en aurait peut-être valu la peine. »
L’élément déclencheur
En 2020, Marily Royer choisit de prendre une pause et passer quelques semaines dans l’Ouest canadien, sans son partenaire. Ce voyage a peut-être tout changé dans sa relation avec son protégé. « Il est demeuré ici trois mois, dans le pacage, à ne rien faire. Il y avait un risque que sa musculature diminue, mais quand je suis revenu, le cheval avait changé. L’année d’ensuite, la mentalité du cheval avait évolué. Il était plus calme, plus à l’aise dans ses manœuvres. Quand tu t’acharnes et que tu pousses, tu n’obtiens pas toujours les résultats. Possiblement que la pause lui a fait du bien. »
Elle va même jusqu’à dire que son cheval s’amuse enfin à faire toutes ces épreuves. « On le sent avant les départs. Il veut y aller. Lâche-moi et on y va. Il est certain qu’il en a fait des épreuves et plus rien ne lui fait peur. Il a compris. »
Une différence majeure entre elle et plusieurs autres concurrentes est le fait qu’elle ait conservé son cheval tout ce temps. « Plusieurs me l’ont dit. Les ranchs qui ont 10 ou 12 chevaux ne se seraient pas acharnés, car ils ont d’autres chevaux. Avoir un cheval prêt pour la compétition se trouve rarement en bas de 50 000 $. Je n’ai pas ces moyens-là. Moi j’en avais un et j’ai été persévérante. Je l’ai amené où je voulais. »
Déjà l’an dernier, ses résultats commençaient à être concluants, alors que Marily a été élue « Recrue de l’année », à sa première vraie saison au sein du circuit, et Mister « Cheval de l’année ».
« Nous avons fait des rodéos en 2021, mais il n’y a pas eu vraiment de saison. C’est pourquoi 2022 a été notre première vraie saison à tous les deux », souligne Marily en mentionnant qu’elle avait été en mesure de se qualifier pour le prestigieux rodéo de Saint-Tite, l’an dernier, grâce à de bonnes performances lors des épreuves préliminaires.
Une fois sur place, elle a terminé 4e lors des épreuves préliminaires qui lui ont permis de se qualifier pour les rondes finales. Elle n’a toutefois pas pu atteindre la grande finale ayant fait tomber un baril lors de sa qualification.
« C’était notre premier Saint-Tite à tous les deux, alors c’est beaucoup de stress à gérer, autant pour moi que pour le cheval. C’était une bonne performance dans les circonstances. »
Sa progression s’est poursuivie cette année, alors qu’elle a une fois de plus réussi à se qualifier pour l’événement de Saint-Tite. « La première fin de semaine, j’ai terminé 8e sauf que Mister était moins rapide qu’à l’habitude. Lors du deuxième week-end, j’ai réalisé le meilleur temps de la compétition à 16,09 secondes, ce qui m’a permis d’atteindre la finale du dimanche où j’ai finalement terminé quatrième. J’étais vraiment contente. »
Un rêve de petite fille
Comme dans tout sport ou toute discipline, l’intérêt pour l’équitation chez Marily est venu en bas âge. Elle a eu son premier poney à l’âge de 5 ans et ce sont ses parents qui lui ont fait faire ses premiers pas en équitation. Cette passion lui vient surtout de ses visites dans des rodéos dans des festivals de la région, quand elle était toute jeune.
« Je parlais souvent des chevaux, j’aimais ça. Nous avions une bâtisse derrière la maison qui nous permettait d’avoir ça. J’en ai eu d’autres ensuite, des chevaux de randonnée que j’essayais de transformer en barils, parce que c’est ce qui m’intéressait. C’était mon rêve de petite fille. »
C’est vers l’âge de 12 ans qu’elle a enfin pu goûter aux épreuves de barils et quatre ans plus tard, elle faisait l’acquisition de son partenaire. « Jusqu’à l’âge de 17 ans, je me suis amusée dans des courses de niveau amateur où on pouvait s’inscrire pour la saison et s’entraîner, tout comme notre cheval. Je m’amusais à travers ça. À 16 ans, j’ai acheté Mister en Ontario, puis ma remorque. »
Mister ayant maintenant 13 ans, Marily sait que son cheval a atteint son apogée et elle se prépare en conséquence, étant consciente que sa limite approche. C’est pourquoi elle prépare pour la suite. « Il y a toujours des améliorations et il pourra maintenir sa forme encore deux ou trois ans, mais avec l’âge, ses bonnes années seront passées. J’ai acheté un autre cheval il y a un an et ils s’entendent bien. C’est ma relève, mais c’est une autre roue que de repartir à zéro. »
Aujourd’hui âgée de 24 ans, la jeune cavalière espère pouvoir compétitionner encore longtemps. « J’aimerais faire ça le plus longtemps possible, mais c’est exigeant. C’est tous les week-ends pendant six mois dans une année. C’est un autre mode de vie », indique-t-elle en ajoutant qu’elle songe également à participer à des compétitions aux États-Unis l’hiver, ce qui lui permettrait de compétitionner à l’année.
« Il y a toujours de grosses finales en janvier en Oklahoma et on peut se qualifier pour y participer en suivant le circuit ici. Les 15 premières au classement ici peuvent y prendre part, sauf que cette année, j’ai terminé 22e au classement général. Des filles du Québec l’ont fait, alors c’est faisable », mentionne-t-elle en terminant.